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RENCONTRE AVEC : DEMI PORTION « A l’heure actuelle, c’est compliqué de dire « Paix ». « Salam Alikoum » veut dire « Que la paix soit sur vous tous », il n’y a rien de choquant ! »

L’artiste est simple et attachant. Son talent et sa passion parle pour lui à quelque heures de l’une des dates le plus importantes de sa carrière musicale. RENCONTRE AVEC

DEMI PORTION, comment vas-tu ? Pourrais-tu te présenter aux lecteurs de SUPERBE MEDIA qui ne te connaîtraient pas ?

Super bien ! Je m’appelle Rachid Daif et je suis né à Sète en 1983. Cela fait vingt deux ans que je fais du rap sous le nom de DEMI PORTION et j’ai sorti cinq albums depuis 2011. J’essaye de représenter ma ville en faisant quelques clins d’oeil à Georges Brassens avec un rap doux, qui parle de ses douleurs et donne de l’espoir à ceux qui ont vécu les mêmes.

Tout d’abord, peux-tu nous expliquer les origines de ton blaze ?

Il vient du nom de mon premier groupe/collectif composé de 2 rappeurs et de 4 danseurs lorsque j’avais douze ans qui s’appelait DEMI PORTION et qui s’est composé en 1996 lors de notre première partie lors de la venue de la FONKY FAMILY à Sète.

Comment et pourquoi as-tu commencé à rapper ?

Pour nous c’était un délire dans une MJC de 14h à 17h dans laquelle on pouvait danser, faire de la MAO ou encore du rap. On trouvait ça amusant. Puis c’est devenu plus sérieux jusqu’à connaître FABE, LA SCRED CONNEXION, LA RUMEUR et d’autres groupes qui sont venus à Sète pour nous donner de la force. Ça s’est fait comme ça, entre deux matchs, entre deux conneries… C’était un délire !

Quelles étaient tes références rap de l’époque ?

A l’époque j’écoutais toute sorte de musique sur K7 audio, mais le rap a été ma première baffe. J’écoutais IAM avec L’ÉCOLE DU MICRO D’ARGENT, ROCCA avec ENTRE DEUX MONDES, LESS DU NEUF, FABE, LA SCRED CONNEXION, SECTEUR Ä, ROCÉ, IDEAL J… A côté, il y avait mes potes qui faisaient du breakdance avec AKTUEL FORCE, KÄFIG, STORM, DIVISION ALPHA, BENJI, YOUVAL… J’ai grandi là dedans. Je suis un amoureux de cette culture ! Je faisais également des stages de graffiti avec JONONE et d’autres artistes renommés du street art. J’ai vraiment grandi dans la magie du truc, dans le kiff’ et surtout sans me dire que j’allais en faire un métier.

Et aujourd’hui ?

C’est compliqué d’avoir des influences à l’heure actuelle. C’est plus des gifles ponctuels comme KENDRICK LAMAR. Mais ce ne sont pas des influences. A côté de ça, le retour au source avec de bons classiques fait vraiment du bien. Après j’écoute tout ce qui sort. Quand c’est bien fait, rien ne me dérange dans la musique.

Tu as toujours sorti tes albums avec deux ans d’intervalle. Avec ce cinquième album, tu as mis un an ! Que c’est-il passé ?

L’Olympia. Pour faire un Olympia, il fallait faire une grande fête. Je voulais offrir ça à mon public dans le délire « SUPER HÉROS ».

Sur cet album, ton  titre « SALAM » peut-être considéré comme engagé dans le climat actuel. Es-tu d’accord avec ça ?

A l’heure actuelle, c’est complique de dire « Paix ». « Salam Alikoum » veut dire « Que la paix soit sur vous tous », il n’y a rien de choquant ! Mais avec le climat actuel, cela devient cliché. On a peur d’aller dans le désert alors que c’est la chose la plus belle, de s’habiller de cette façon, de faire une prière dans un clip… J’ai essayé de montrer autre chose, en proposant musicalement également quelque chose qui n’existe pas en faisant de l’ « Afro-Raï ».

Pourquoi avec choisi ce titre : « SUPER HÉROS » ?

Le SUPER HÉROS est là pour défendre les citoyens. Je défends mon hip-hop. Je défends mon art. Je suis un super héros de ce que je préserve. Je n’ai pas de pouvoir, mais le seul que j’ai, est de pouvoir continuer à faire ce que j’aime. Je reste un petit de cette musique là et je suis content d’en être l’un des SUPER HÉROS de cette musique là. On est peut-être tous des AVENGERS dans le rap et on défend notre patrimoine !

Depuis la sortie en 2011 de « ARTISAN DU BIC », ton premier album jusqu’à la sortie ce jour de « SUPER HÉROS », quelles sont pour toi les évolutions majeures de ta musique ?

Le fait d’avoir épuré mes sons en essayent de pouvoir dire plus de choses dans un temps plus court. Également, travailler sur l’aspect chantonner, pour suivre un peu plus la musique.

Tu dis souvent que tu as toujours été fait pour la scène et les freestyles. Une chose très importante pour un artiste rap. Peux-tu nous expliquer cela ?

Le freestyle est là pour faire ressortir la même émotion que ce tu as ressenti sur le disque mais de façon plus pure. Je peux te faire ressentir la même émotion sans être dans un format album. C’est le côté pur et dur. En 2006, je venais dans la boutique T MAXX, dans le quartier de Chatelet-Les Halles, pour y faire mes premiers freestyles vidéos. C’était du rap simple, où tu rencontrais ton art autour d’instrumentales.

Tu fais l’Olympia dans quelques heures. Qu’est ce que cela représente pour toi ?

Une grand fête et une consécration. Le dernier habitant de Sète à l’avoir fait, c’est Georges Brassens. A Sète, nous ne sommes pas beaucoup à faire de la musique, à la défendre et à dire que c’est possible. Mon truc est de pouvoir dire aux gens que c’est possible. J’ai toujours voulu chanter devant des gens. Je suis content de pouvoir faire une salle mythique comme celle là. C’est un honneur. Je suis là pour profiter, mais je suis aussi content de faire cet Olympia que de rapper dans une MJC.

Tes premières approches du rap datent de 1996. Nous sommes en 2018 et tu tu es toujours là. Peux-tu nous expliquer le secret de cette longévité ?

Ne pas se mettre de pression. Faire un album c’est tellement dur que je peux comprendre que tu puisses vite baisser les bras. Donc ne pas se mettre la pression et ça ne peut que durer. Etre libre et kiffer. Je me suis toujours senti libre de mes choix.

Qu’aimes-tu dans le rap actuel ? Et à l’inverse, que détestes-tu ?

Ce que je déteste le plus c’est le côté « con » de la musique. Certains artistes sont devenus victimes de leur image. Après j’aime que ce soit la musique la plus écoutée dans le monde. Cette musique a évolué et tout le monde y a sa place. C’est la seule musique qui n’a pas de codes et c’est cette liberté qui fait qu’elle évolue sans cesse.

Tu aimes beaucoup le mot « hip-hop ». Peux-tu nous dire pourquoi ?

Rap français, pop française, RnB français, le terme « hip-hop », plus personne ne le comprend en France. Le hip-hop est un état d’esprit, c’est un collectif, c’est ce qu’il y a autour de ta discipline. C’est une aide.

On sent que tu aimes la sape, mais sans te prendre la tête et sans vouloir à tout pris être dans la hype. Qu’est ce que tu aimes dans le fait de te saper ?

J’ai toujours aimé les vêtements et les chaussures. Ça a débuté dans les années 1995-2000 avec les survêtements SERGIO TACCHINI, les jeans LEVIS avec des belles NIKE Air Max, la chemise qui tombe bien… Ça m’a toujours parlé !

Tu es très fidèle à la marque WRUNG, peux-tu nous expliquer pourquoi ?

WRUNG c’est une marque que j’achetais depuis le début des années 2010. J’étais un client. Un jour j’ai rencontré le créateur de la marque qui m’avait vu porté certains articles, il a aimé et depuis il m’envoie régulièrement les nouveautés de la marque. C’est une marque française fait par des passionnées que je supporte et que je kiffe.

Quelles sont tes trois marques de sapes françaises préférées ?

LE COQ SPORTIF, WRUNG et HÉLAS SKATEBOARDING.

Pourquoi DEMI PORTION #CESTSUPERBE ?

C’est joyeux. C’est l’été. C’est l’accent. C’est clean !

Derniers mots.

Le mot de la fin c’est qu’on a toujours faim ! On continuera à croquer la vie à pleine dents !

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Propos recueillis par @Hector Sudry Le Dû.

Crédit photos : @HarfeVisual.

Crédit Vidéo : @HarfeVisual.

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DEMI PORTION SUPER HÉROS #CESTSUPERBE