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RENCONTRE AVEC : LORD ESPERANZA & MAJEUR MINEUR : « L’union fait la force ! En solo c’est cool, mais là c’est le Gogeta ! 1+1 font 3 ! »

Rencontré il y a un peu plus d’un an lors de la sortie du premier projet solo de Verso (article Ici) , nous avons enfin pu nous entretenir avec l’un des artistes rap de la nouvelle génération des plus prolifiques depuis ces deux dernières années, Lord Esperanza. Une Rencontre avec “L’Enfant Du Siècle” , mais également et surtout avec son beatmaker et DJ de référence avec qui nous avons eu le plaisir d’échanger plus amplement sur leurs derniers mois de courses musicales effrénées. Après de nombreux EP communs, une tournée de 3 mois dores et déjà entamée et l’arrivée de leur premier album, Rencontre avec Lord Esperanza et …

Majeur Mineur, pourrais-tu te présenter aux lecteurs de Superbe Media qui ne te connaitraient pas ?

Moi c’est Majeur Mineur, je suis DJ, producteur et beatmaker. Je suis principalement associé au rappeur Lord Esperanza. Nous avons sorti le projet Drapeau Noir ensemble et nous collaborons quasiment sur tous nos projets respectifs. Nous sommes aussi sur scène ensemble. Je bosse également avec d’autres rappeurs comme Roméo Elvis, Senamo ou encore Lomepal, et bien d’autres rappeurs de notre génération. J’ai aussi sorti un projet avec une chanteuse, il y a un mois. Enfin j’ai un troisième projet qui est pour l’instant encore un peu secret !

Vous êtes ensemble depuis le début avec Lord Esperanza. Comment se sont fait les choses ?

Des personnes dans notre entourage commun faisaient de la musique et on se connaissait donc sans véritablement se connaitre. Un jour on est tombé l’un sur l’autre via nos comptes Twitters. Il m’a envoyé un message, je suis venu chez lui. Je devais rester deux heures pour lui faire écouter trois sons. Finalement, je lui ai fait écouter quinze productions. Il m’a dit : « Je garde tout, on fait un EP ! ». Je suis resté la journée entière, on ne s’est pas lâché et on a démarré un premier projet pour le kiff’.

C’était en quelle année ?

En avril/mai de cette année, ça fera trois ans ! C’est encore très jeune, mais c’est allé très vite depuis ce jour ! Moi j’étais en cours en parallèle, lui il avait déjà lâché et faisait déjà uniquement que de la musique. C’est parti d’un coup !

Quelles sont tes influences principales ?

Grâce à mes parents, j’ai eu la chance d’avoir des influences assez différentes. Du côté de ma mère, j’ai eu accès à tout ce qui est musique d’église comme le gospel, et également une bonne dose de classique. Je passais aussi bien par du blues que par du Vivaldi. Du côté de mon père, c’était beaucoup plus funk, très ryhtmé, afro groove etc… Un mix de tout cela qui fait qu’aujourd’hui je me retrouve sur un mélange de musique électronique et de rap.

Est-ce que tu es devenu DJ parce que tu étais producteur, ou bien que tu étais DJ initialement ?

Je faisais de la musique classique quand j’étais petit. J’ai fait 8 ans de flûte traversière. J’ai donc une grosse formation classique. J’ai aussi fait un peu de guitare pendant 3 ans, à mon époque rebelle… J’écoutais beaucoup de rock à ce moment-là, puis je me suis mis à la musique électronique. Les artistes qui expérimentaient et proposaient de nouveaux sons m’intriguaient beaucoup. J’ai une théorie dans la musique qui dit que tous les accords, toutes les suites d’accords et toutes les mélodies du monde ont déjà été jouées. Donc le seul moyen de se différencier est de trouver un son différent.

Est-ce que vous étiez ensembles à l’époque de Pala$$ ?

Majeur Mineur : C’est le moment ou on s’est rencontré ! Le moment où j’ai rencontré Nelick, le moment ou on a commencé à faire des choses ensemble. Nous sommes partis en tournée juste après, tous les trois et à ce moment là j’étais également DJ pour Pala$$.

Lord Esperanza : On s’est rencontré un peu après juste après le début de Pala$$. J’avais sorti quelques EPs avant dont 1 EP solo, et 3 EPs en groupe. J’ai rencontré Majeur Mineur et le projet Drapeau Noir est arrivé. Il a aussi beaucoup travaillé sur Polaroïd et sur Internet, et en ce moment nous sommes en train de travailler sur la suite.

Qu’elles ont été les principales étapes de vos aventures musicales communes qui ont vraiment marqué votre évolution dans la musique ?

Lord Esperanza : La première c’est le pas qu’il a fait vers moi en m’envoyant un message sur Twitter. Il m’a fait écouter ses productions et j’ai grave kiffé.  La deuxième, je pense que c’est la composition du morceauDrapeur Noir. Il faut savoir qu’on était ensemble à Angers, qu’il était en train de faire la production à côté de moi et que j’écrivais le texte en temps réel. Je dis ça pour ce morceau précisément puisque c’est un morceau qui a vraiment marqué quelque chose de fort entre nous. Concernant le troisième moment, je pourrais donner énormément d’exemples, notamment les concerts et des moments de vie magnifiques mais je pense que ce troisième moment n’est pas encore arrivé. Normalement ce sera le 3 mai 2019 ! Non je déconne (rire) !

Majeur Mineur : Il y a tout l’entourage qui s’est créé à travers les premiers projets de groupe. Ce premier studio où tu vas enregistrer ton premier projet. Le premier projet sorti avec Lord Esperanza et Nelick, ensemble. Toutes ces personnes qui deviennent vite membres de ton entourage fort ! Tu démarres avec eux et même si tu ne bosses plus avec eux, il y a un truc incassable qui reste à jamais. C’est vraiment beau ! Surtout que le projet Drapeau Noir avec Lord Esperanza a vraiment bien marché. On a eu la chance de faire une grosse première tournée avec Nelick, qui a sorti son propre projet au cours de celle-ci. Tout ça a bien marché et on a donc rempilé sur une deuxième partie de tournée. Au final, on était tous les trois pendant un an !

Pour la faire courte, Drapeau Noir a tout drainé !

Majeur Mineur : Ça a tout drainé. Un freestyle était sorti sur Fluck et Lord Esperanza pensait que ça allait faire un 3000 vues. En l’occurrence ce freestyle a fait 400 000 vues en 6 mois et à l’époque on est devenu complètement ouf ! C’était un vieux freestyle en noir et blanc ! C’est à partir de ce moment là qu’on a commencé à y croire. Mais on ne s’est jamais trop pris la tête. A la base, le morceau Drapeau Noir a maintenant cumulé plus de 5 millions d’écoutes sur Spotify. Mais ce qu’il faut savoir c’est que nous l’avons fait juste parce qu’il manquait un son dans l’EP. C’est fou ! C’est comme Thriller de Michael Jackson. On en est loin, mais tu vois ce que je veux dire ! Les tours ont aussi drainé pas mal de choses. Après d’autres projets sont sortis, Polaroïd, Internet, sur lesquels j’ai beaucoup bossé. J’ai aussi travaillé dans la réalisation sur les clips etc… Puis j’ai sorti mon projet de mon côté. On a fait pas mal de tournées, de concerts et il y avait pas mal de morceaux, de collaborations à droite à gauche. Un morceau était sorti avec Youv Dee (article Ici), un autre morceau sur l’EP de Nelick, etc… Maintenant depuis septembre tout le monde fait un peu son chemin de son côté.

Comment travaillez-vous vos morceaux en commun avec Lord Esperanza ?

Majeur Mineur : Il n’y a pas vraiment de règles, mais c’est vrai que la plupart du temps c’est moi qui lui propose des instrumentales. Parfois il arrive également avec des idées, des délires, des références, des sons qu’il kiffe. Mais souvent c’est moi. J’ai un rythme de production assez effréné. J’écoute tout le temps du son, je produis tout le temps. Souvent je tiens juste une boucle et lui arrive avec 30 secondes et si on kiffe on démarre. Ça marche pas mal comme ça ! On était à Amsterdam pendant trois jours pour un festival hollandais et on s’est posé là-bas pour finir l’album. Trois jours ou on se devait de faire un ou deux sons vraiment biens. Au final on en a fait six ! Je pense sur les six, il y en a un ou deux qui vont finir dans l’album. C’était vraiment fluide.

Sur Internet, votre dernier projet, il n’y a quasiment aucune production de toi. Pourquoi ?

Majeur Mineur : Il y a deux raisons à cela. La première est que pour les projets Lord Esperanza Dans Ta Ville, Polaroid et Drapeau Noir, j’avais beaucoup produit. Du coup, il avait d’autres morceaux avec d’autres producteurs qui étaient bons et Lord Esperanza voulait en faire un projet. En plus de ça, à ce moment là on commençait déjà à mettre de côté pour le futur album. Du coup les morceaux intéressants que j’avais produit, on ne voulait pas les placer avant. Egalement, je commençais sérieusement à bosser mon EP avec Eylia et j’étais très focalisé là-dessus. On a fait un remix de Noir, et on s’est fait un kiff’ pour Internet.

Lord Esperanza : Il y avait déjà la préparation de notre nouveau projet car on savait déjà qu’on allait enchainer sur la suite, du coup toutes les productions qu’il m’envoyait je les stockais pour ce projet. Donc je n’ai pas (à part Internet et Noir Remix) placé de production de Majeur Mineur. L’autre truc c’est qu’il y avait plein de producteurs de mon entourage avec qui je n’avais encore jamais eu l’occasion de travailler, donc c’était l’occasion de le faire. Comme avec Sam H qui a produit peu de temps après A L’Ammoniaque de PNL, ou encore Junior A La Prod.

Lord Esperanza, tu attaches beaucoup d’importance à ton écriture, aux rime et aux jeux de mots. Est-ce qu’un artiste en particulier t’as inspiré sur ta façon d’écrire ?

Lord Esperanza : Stromae, Jacques Brel…  Ce dernier est l’un des plus grand poètes des temps modernes. Si ce n’est le plus grand ! Aussi, parce qu’on le fait pour la culture. C’est un clin d’œil, mais il est vrai que ces mecs-là m’ont réellement inspiré.

Et dans le rap ?

Lord Esperanza : Je crois que c’est Maître Gims ! Trop fort Maître Gims ! Les flow, les images : « J’suis accoudé sur des potes qui ont des savons sur les épaules “. Je ne vois pas comment faire mieux !

Vous êtes en tournée pendant trois mois, comment est-ce que vous abordez ensemble le travail scénique ? Y-a-t’il y a une véritable interaction entre Lord Esperanza et Majeur Mineur sur scène ?

Majeur Mineur : On est tous le temps ensemble. On a une relation assez folle. On fait partie de nos meilleurs amis. Il est sûr que si la musique s’arrêtait demain on garderait une relation ultra fusionnelle. Bien sûr, il y a le grand câlin en rentrant sur scène et en en sortant. Ca c’est obligatoire.

Sur votre nouveau set, réservez-vous quelques inédits ? Surprises ?

Lord Esperanza : Ouais il y a des exclusivités que l’on va jouer ! Des exclusivités qui arriveront prochainement et surtout des artistes que je produis sur mon label qui feront toutes les premières parties.

Qui sont-ils ?

Lord Esperanza : Sally et Dellati. Une fille et un garçon, pour la mixité (rires). Non, tout simplement parce que le destin l’a fait comme ça. Ils défoncent tous les deux dans ce qu’ils font.

Des questions liées à la sape : vous êtes tous les deux des amoureux du style, d’ailleurs Lord Esperanza tu viens de récupérer ta nouvelle doudoune exclusive Chevignon X Superbe Média, que tu as entièrement customisé à ta guise. Que penses-tu de ce nouvel item dans ta garde robe ?

Lord Esperanza : Super beau produit, très chaud. Je suis assez content du résultat, en plus il y a le nom de mon label a l’intérieur ! Merci beaucoup ! Je suis content car c’est fou de pouvoir customiser un vêtement. J’ai vraiment eu le choix sur tous les éléments donc je suis super content !

Quelle est l‘importance pour toi de la sape dans la représentation de ton art ?

Lord Esperanza : Quand j’étais jeune j’ai beaucoup analysé mes idoles dans le rap et la chanson. J’ai remarqué que tous avaient une vraie uniformité stylistique. J’ajoute à cela que quand j’ai eu la chance de voyager et donc de voir de voir des expositions incroyables, notamment une sur Steve McQueen à Londres, cela m’a énormément inspiré.  C’était une exposition théâtralisée car c’est le premier créateur à avoir théâtralisé ses défilés. Il y avait de la techno a fond sur des écrans géants et chacune des pièces de l’exposition avait une thématique. A ce moment là, c’est comme si j’avais eu un déclic en réalisant que quand je ferais de la musique (parce que je devais avoir 14/15 ans), je voudrais y associer une image forte. D’ailleurs, la création de Lord Esperanza et de tout ce délire autour de la couronne et de l’égo trip, vient de là ! Paradoxalement, avec le temps, cela s’estompe relativement parce que je n’ai pas forcément envie de rester dans ce délire. J’ai l’impression que l’égo trip ce n’est que du court terme. Et en l’occurrence dans ma volonté de partage et d’écoute de ma communauté, j’ai remarqué que les morceaux qui les boostaient le plus, étaient les morceaux où je me livre. Je reçois des messages vraiment touchants, des témoignages de gens qui me disent que ça a changé beaucoup de choses pour eux… J’essaye donc m’ouvrir de plus en plus vers ça.

Et qu’elle est l’importance pour toi de te saper de A à Z avec le meilleur dans tes clips ?

Lord Esperanza : C’est comme ça que tu crées ta différence ! Tes vêtements c’est le premier reflet de ton image, suivis par ta communication corporelle, ta gestuelle.

Majeur Mineur: On met en avant les jeunes créateurs aussi, les jeunes entrepreneurs !

Lord Esperanza : C’est vrai ! J’y n’avais pas pensé au début parce que j’avais conceptualisé mon style et j’avais déjà une espèce de conscience un peu consommatrice. Mais c’est venu plus récemment, il y a environ un an et demi, quand j’ai commencé à recevoir des vêtements gratuits, et au début je disais oui à tout. Maintenant je demande où ils sont faits et quand on me répond “Au Bengladesh”,  je dis non ! Mais je kiffe réellement les petits créateurs comme North HillWalk In Paris et bien d’autres… C’est important de faire peut être moins de sous, mais d’ essayer d’être sur une chaîne de production moins polluante et moins problématique par rapport à l’humanité en général. Après tu as la pollution, mais les conditions de travail sont tout aussi importantes.

C’est ta façon à toi d’afficher certaines valeurs par rapport à la consommation de masse.

Lord Esperanza : J’essaye ! Après Majeur Mineur est encore plus loin que moi, car lui ne porte que des Veja. A l’heure d’aujourd’hui qui porte des chaussures faites en France ? Bon… Orelsan m’a offert une paire d’Asics que je porte actuellement aux pieds et même si je sais qu’elles ont été faites à l’autre bout du monde par des enfants asiatiques, je n’ai pas encore eu la décence de refuser ce cadeua. En vérité, j’ai beaucoup évolué ces deux dernières années sur toutes ces question, et cela grâce à la relation que j’ai avec Majeur Mineur. On essaye de partager cette conscience tous les deux.

Pourquoi Lord Esperanza et Majeur Mineur #cestsuperbe ?

Lord Esperanza : Parce que l’union fait la force ! En solo c’est cool, mais là c’est le Gogeta ! 1+1 font 3. Il y a ce truc qui fait que quand on est ensemble il y a une alchimie en plus qui donne une profondeur supplémentaire à ce que l’on fait. J’ai bossé avec d’autres gens, et lui aussi, mais ce n’est pas par hasard si on est aussi proche artistiquement, même sur la scène. Je pense que ce sont les âmes qui parlent, et ça, ça va bien au delà de l’artistique.

Majeur Mineur : Que dire de plus ? C’est beaucoup ! Je valide.

Derniers mots ?

Lord Esperanza : Merci à Superbe Média pour son invitation et surtout pour ce don sympathique et généreux ! Force pour cette nouvelle année qui démarre sur les chapeaux de roues, c’est un vrai concept et on est pressé de revenir vous voir. J’espère qu’on en aura l’occasion !

Majeur Mineur : Vive les artistes et les artisans !

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Propos recueillis par : @Kevin.Berard & @ill_y0.

Crédit photos par :@ill_y0 pour Superbe Média.

LORD ESPERANZA & MAJEUR MINEUR #CESTSUPERBE