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RENCONTRE AVEC : LPEE « Il vaut mieux agir que de regretter de ne pas avoir fait les choses. »

Le jeunesse française n’a pas fini de nous surprendre et ce n’est surtout pas le dynamisme de la scène rap actuelle qui nous fera dire le contraire. L’une des dernières découvertes de qualité de l’hexagone arrive tout droit de la région parisienne et “kick” depuis quelques années au sein du collectif LES TONTONS FLINGUEURS. Avec MONOCHROME, son premier EP qui nous a autant interpellé par ses qualités musicales que par son enveloppe visuelle, RENCONTRE AVEC

LPEE, comment vas-tu ? Pourrais-tu te présenter aux lecteurs de SUPERBE MEDIA qui ne te connaîtraient pas ?

Ca va très bien ! Moi c’est LPEE, actif depuis 4 ans avec un groupe de 9 rappeurs nommé LTF. Je suis un jeune parisien de 21 ans qui se lance avec un premier projet solo depuis un an et qui essaye de se dessiner un chemin dans cette entreprise musicale.

Tout d’abord, d’où vient ton blaze ?

Je devais avoir 12-13 ans quand j’ai commencé à rapper et j’écrivais un peu n’importe quoi. J’étais épaulé par un grand à moi qui faisait du rap depuis plus longtemps et qui s’appelait FB. FB étaient les initiales de son nom et prénom. J’ai appliqué la même méthode avec mes initiales qui sont le L et le P, puis j’ai rajouté les deux E pour styliser un peu la chose.

Quelles sont tes références artistiques dans le rap ?

Pour ce qui est du rap français, on est sur du FLYNTSCRED CONNEXION, FONKY FAMILY… Quand j’ai commencé la danse, il y a eu également la SEXION D’ASSAUT, car je m’entrainais avec les danseurs du WATI B. Aujourd’hui j’écoute beaucoup de rap anglais comme LITTLE SIMS ou encore SKEPTA, GIGGS, STROMZY, mais aussi les chanteuses anglaises comme JORJA SMITH, MAHALIA

Tu viens de nous parler de danse. Peux-tu nous parler de cette période ?

J’ai commencé assez tôt. J’étais en sixième et j’ai commencé lors d’un atelier au collège. On galérait au quartier alors on s’est un peu tous mis à la danse. On a kiffé, alors on a commencé à tourner de villes de banlieue en villes de banlieue. Mon crew de l’époque s’appelait OVERDOSE, et on s’entrainait avec les danseurs de la SEXION D’ASSAUT. Tout ça s’est une peu calmé vers mes 15-16 ans car le rap est arrivé entre temps… On a fait une espèce de transition danse-rap. En terme de styles, on dansait le New Style, la House Dance et un peu de Top Rock.

Tu fais partie du collectif LTF (Les Tontons Flingueurs), peux-tu nous détailler votre historique ?

On a trois projets à notre actif. Le premier est sorti en février 2015 et est intitulé LE DÉMON À 9 QUEUES VOL 1, en 2016 est sorti LE DÉMON À 9 QUEUES VOL 2, puis en 2017 notre dernier projet était intitulé 2014. Niveau scène on a fait pas mal de dates à Paris comme Le Bataclan, Le New Morning, La Bellevilloise, La Maroquinerie, mais on a également performé dans toute la France.

Quelle est la différence artistique entre le collectif LTF et LPEE en solo ?

J’ai beaucoup moins de restrictions. Si je kiffe une prod’, je n’ai pas à demander l’avis d’untel ou untel et lorsque nous sommes neuf je peux te dire que c’est une galère pour se mettre  tous d’accord. Ça peut avoir des inconvénients également car neuf cerveaux qui réfléchissent sur un morceau, ça donne souvent de belles pépites. Mais de manière générale, tout est allé beaucoup plus vite car je suis allé directement à l’essentiel. Au niveau des sons, avec LTF on est sur des morceaux « Turn Up » car on accorde beaucoup d’importance à la scène et j’avais envie de me détacher ça. J’ai cherché des prod’ plus « Cloud » avec des BPM plus lents… Je pense que mes morceaux ne ressemblent pas à ceux des autres membres du groupe et à LTF en général.

Tu viens de sortir ton premier EP intitulé « MONOCHROME ». Que voulais-tu proposer de nouveau avec ce projet ?

S’exprimer en solo m’oblige à m’impliquer personnellement sur des morceaux entiers. Mais j’avais également envie de ramener une autre touche artistique car j’ai fait des études d’art et je trouve que l’art pictural/art plastique sont des domaines dont les rappeurs ne parlent pas du tout, d’où le titre de mon EP MONOCHROME. Ce titre s’appuie sur le processus de création du projet car je l’ai réalisé dans un  laps de temps très court, et j’étais dans un « mood» bien particulier au moment de l’écriture. On retrouve donc les mêmes thématiques, les mêmes expressions, les mêmes codes. Une seule couleur et une homogénéité, qui se sont combinés pour mon amour de l’art pictural, d’ou le titre de cet album MONOCHROME.

Dans le quatrième titre de cet EP, tu dis « J’ai gaspillé du temps a vaincre des démons qui n’existaient même pas » . Quels étaient ces démons ?

C’est la remise en question. Enormément de barrières que je me suis imposé alors qu’il fallait simplement agir. Il vaut mieux agir que de regretter de ne pas avoir fait les choses.

Sur le titre « LTF LE FAIT MIEUX », qu’est ce que vous faites mieux que les autres ?

On rappe mieux que les autres (rires) ! L’idée de ce morceau était de dire aux anciens de laisser la place à la nouvelle génération. Il y en a certains qui s’accrochent un peu trop au « game » alors qu’il suffit simplement de laisser respirer les gens. « TON RAP DE MERDE SE FAIT VIEUX ».

Selon toi, quel est le LPEE style ?

C’est un style basé sur l’écriture. Je ne conçois pas un texte sans techniques, sans jeux de mots, sans recherches, sans punchlines et sans placements de rimes. En terme de sonorité, je suis un artiste qui suit pas mal les tendances en fonction de ce que les beatmakers m’envoient et me proposent. Après j’aime énormément le boom-bap, car j’ai commencé avec ça, donc très prochainement il n’est pas impossible d’entendre des sons dans ce style. Dans tous les cas, je suis ouvert et si je kiffe, je rappe.

Ton « INTERLUDE », 2ème single extrait du projet, est une vraie parenthèse artistique et c’est peut-être lors de ce genre de moment que l’on repère de façon évidente ta différence. Quelle a été ta volonté avec cette « INTERLUDE » ?

Le morceau à la base était un challenge. Un morceau simple avec pratiquement rien mais très ambiançant. J’ai écrit deux-trois phases qui sont venues comme ça, j’ai fait un « yaourt » et je les ai enregistré. Je me suis dit que j’allais caler ce titre en plein milieu du projet pour surprendre l’auditeur. J’avais envie d’apporter cette originalité. J’avais envie de faire découvrir mon univers et je suis très content de l’avoir fait. En plus, le clip colle parfaitement avec l’ambiance générale du morceau. Le fait de vouloir apporter de la danse dans le visuel était aussi une réelle volonté pour faire découvrir au public cette facette là.

Qu’aimes-tu dans le rap actuel ? Et à l’inverse que détestes-tu ?

J’aime les nouvelles vibes, j’aime sa diversité et les nouvelles sonorités. Par rapport aux influences américaines, je trouve que le rap francophone a vraiment son identité. A l’inverse, je pense que le rap se regarde plus qu’il ne s’écoute à l’heure d’aujourd’hui ! Certains artistes misent trop sur les visuels. Ce rap sans aucun messages, qui n’envoie que du style en racontant n’importe quoi, c’est quelque chose qui me dérange.

Des artistes français avec qui tu voudrais collaborer sur un prochain morceau ?

ALPHA WANN… Et principalement des artistes émergents de la scène rap français.

Lorsque l’on regarde tes visuels et tes clips, on sent que tu aimes la sape. Qu’est ce que tu aimes dans le fait de te saper ?

C’est quelque chose qui est parti de la danse. Lorsque l’on est danseur, sur scène, il faut que ce soit voyant et que ça envoie ! Je me rappelle que quand j’étais petit, on achetait des lacets de couleur et on matchait nos lacets droits avec les couleurs de nos sapes. Le rap aujourd’hui est beaucoup plus lié à la mode. Savoir s’habiller est pour moi, un trait de ta personnalité, une identité et la première chose que les gens voient quand tu marches dans la rue. Je trouve ça très important !

Est ce que tu crois qu’il y a une vraie approche du vêtement français dans le style hip-hop actuel ?

Je n’en ai pas l’impression. Il y a quelques rappeurs qui amènent ce style à la française. Je trouve qu’il y a quand même une énorme influence américaine au niveau des styles vestimentaires dans le rap et je pense qu’il serait bien de pouvoir s’en détacher. Ça va venir !

Quelles sont tes trois marques de sapes françaises préférées ?

Très bonne question ! J’en citerais deux, à savoir, la maroquinerie JACK GOMME et la marque VETEMENTS.

Pourquoi LPEE #CESTSUPERBE ?

LPEE #CESTSUPERBE, dans le sens ou c’est un nouveau souffle dans le rap français. C’est l’occasion également de découvrir plein d’autres choses, comme la sape et l’art pictural. C’est un état d’esprit, un pur produit de son environnement, très attaché à sa ville, à son quartier et qui a envie de faire découvrir de la bonne musique aux gens.

Derniers mots.

MONOCHROME est sorti, alors allez l’écouter car #CESTSUPERBE. La suite arrive bientôt !

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Propos recueillis par @Hector Sudry Le Dû.

Crédit photos : @HarfeVisual.

Crédit Vidéo : @HarfeVisual.

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LPEE MONOCHROME #CESTSUPERBE